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CONSENTEMENT ET DYNAMIQUES DE POUVOIR

Dernière mise à jour : 23 janv. 2023

La loi fixant le consentement légal des mineurs à 15 ans est passée. Un majeur ne pourra plus justifier les relations sexuelles avec des mineurs de moins de 15 ans par leur consentement à l’acte[1].


Ce que je vois dans ce débat, c’est la prise en compte de l’impact des dynamiques de pouvoir dans les relations. Quelle capacité a-t-on de refuser des contacts quand on est en situation de soumission à une autorité ou de dépendance pour sa survie ?


A cette observation des rapports de pouvoir, j’ajoute la prise en compte de la réaction automatique du système nerveux en cas de stress, d’agression. La perception du déséquilibre du pouvoir en notre défaveur peut enclencher des mécanismes automatiques de survie… dont l’un d’eux consiste à laisser faire : plutôt survivre blessé.e que risquer de mourir dans une lutte inégale. Il n’y a pas de jugement à avoir, ces mécanismes sont millénaires et s’enclenchent dans l’inconscient. En revanche, en comprenant mieux les relations humaines et le fonctionnement du système nerveux, on peut retrouver de l’espace de choix et de la capacité à réagir.

CONSENTEMENT ET DYNAMIQUE DE POUVOIR


La notion de dynamique de pouvoir nous invite à nous demander, dans chacune de nos relations, où se trouve le pouvoir. Chez moi ? Chez l’autre ? Au centre avec une expression libre de chacun ? Est-ce que je me sens libre de pouvoir dire non, sans crainte de représailles ? C’est ici, où la question que l’on pose dépasse largement le sujet du consentement sexuel des mineurs.

Que vous sentez-vous autoriser à dire avec votre supérieur hiérarchique au travail ? Avec votre frère qui parle toujours en premier ? Avec votre partenaire ? Avec votre client ?


Un chiot est tanquillement posé sur l'autre et pourrait l'étouffer sans s'en rendre compte...
Des dynamiques de pouvoir dont on n'a pas toujours conscience

Les dynamiques de pouvoir pèsent sur nos relations et souvent de manière inconsciente, et différemment selon les relations. On peut être « dominant.e » dans une relation et « dominé.e » dans une autre. Cela peut se jouer sur 1 000 critères très variés (âge, métier, patrimoine, niveau de langue, couleur de peau, genre, tour de taille…)…


Il est intéressant d’observer en soi les critères qui nous procurent un sentiment de supériorité ou un sentiment d’infériorité dans un groupe ou juste avec une personne. D’observer ensuite comment ce sentiment impacte notre comportement dans la situation, par exemple :

  • Parlez-vous plus ou moins que l'autre?

  • Votre voix est-elle la même que d'habitude ?

  • Riez-vous aux mêmes moments ?

  • Est-ce le même rire que d’habitude ?

  • Comment vous sentez-vous physiquement pendant la discussion (calme, agité, instable sur le rebord de la chaise) ?

  • Est-ce que l’énergie s’accumule autour de vous ou bien circule-t-elle de manière fluide entre vous et l’autre ?

  • etc.

Disons-le tout de suite, cet exercice N’EST PAS AGREABLE. Il met le focus sur nos réactions de soumission ou de domination qui ne sont ni les plus libres, ni les plus valorisantes… C’est pourtant un exercice de prise de conscience nécessaire pour ne plus être aveuglément « agi.e » par ces croyances d’être supérieur.e ou inférieur.e à l’autre.


S'OBSERVER POUR RETABLIR L’EQUILIBRE


Quand je me surprends à tenter de dominer, est-ce que je peux faire plus de place à la parole de l’autre ? Est-ce que je peux être plus curieux de son point de vue ? Est-ce que je peux y voir un égal à qui je souhaite autant de bien qu’à moi-même ?


Pour m’en rendre compte, je peux observer ce qu’il se passe en moi et je peux aussi observer comment l’autre se comporte, se tient, respire, parle. Tout cela nous donne des indices sur son état du moment et sur l’état de notre relation.


Par exemple, j’ai observé que je réagis plus favorablement à une personne qui a les yeux bleus. Que je tends à minauder face à une personne très affirmée. Qu’à l’inverse, je peux tendre à prendre l’ascendant avec une personne dont la logique de raisonnement m’échappe.


Ces constats me sont douloureux et je suis effondrée après coup de m’être vue agir de la sorte sans réussir autant que je l’aurais voulu à faire autrement… Pour autant, depuis que je les ai repérés, que j’ai compris ce qui ne me plaisait pas, je peux ajuster un peu mieux à chaque fois. Me soutenir quand je me sens minauder ou hypnotisée par des iris bleus 😉


Je choisis de me soutenir en effet et non de me blâmer quand je me prends en flag’ de tentative de prise de pouvoir ou de soumission. D’une part, car ces réactions automatiques sont en partie issues de la culture dans laquelle j’ai grandi et de l’éducation que j’ai reçue. Petits, nous sommes des éponges, je ne vais pas me blâmer d’avoir intégré des comportements à un âge où j’étais sans filtre.


Aujourd’hui en revanche, je me soutiens pour développer une conscience de ses automatismes (il sera plus long voire impossible de les effacer totalement) pour réaligner mon comportement avec mes valeurs et la manière dont je souhaite vivre ma vie et mes relations.


A chacun de gagner en conscience dans ses relations pour permettre au consentement de s’exprimer. Le consentement, dans cette approche, ce n’est pas le « oui du dominé » mais l’accord de deux personnes sur ce qu’elles décident de faire ensemble. La notion de pouvoir est alors neutralisée et nous entrons dans le domaine du jeu humain bienveillant et du partage.



Quand l'accès au néo-cortex préfontal est fermé par les mécanismes de défenses enclenchés par le système nerveux autonome.
En situation de danger, nous pouvons perdre l'accès à notre capacité à réfléchir, à agir ou à communiquer

CONSENTEMENT, STRESS ET SYSTEME NERVEUX AUTONOME


Une autre raison pour laquelle je ne souhaite pas me blâmer, et pour laquelle cette loi est importante, c’est que, en-deçà de la conscience, nous avons un système nerveux qui guette les alentours de manière obsessionnelle et permanente pour répondre à cette unique question « Suis-je en sécurité ? ».


Dès lors qu’il perçoit un danger, il peut décider d'enclencher la machine chimique du corps qui, selon l’analyse du risque, peut bloquer notre capacité à réfléchir et à communiquer. Vous connaissez les réactions de lutte, de fuite ou d’inhibition. Quand je suis en fuite, je ne peux plus me concentrer pour articuler une réponse, je cherche une sortie. Je n’ai pas accès à ma capacité à réfléchir ou à me positionner.


Et ça peut aller plus loin. Si mon système nerveux a estimé que fuir ou lutter était inutile, alors il débranche carrément : le cœur et la respiration ralentissent, le découragement m’envahit, je n’ai plus aucune volonté et mon corps va jusqu’à produire des endorphines pour que je ne sente pas la douleur si l’agression physique se confirme… Quelle machine chimique extraordinaire !


C’est ce type de mécanisme chimique qui explique qu’une championne de karaté peut se faire agresser sans réagir...


Que j’essaie de fuir, de lutter ou que je m’effondre, mon corps dit la même chose : il a perçu un danger et tente de me sauver au mieux.



Face à une personne qui n’est pas consciente de l’ascendant qu’elle prend sur nous ou au contraire qui en est parfaitement consciente et en joue, on peut ne pas avoir les ressources pour nous exprimer.


La perception d’un danger, la peur du rejet, de la violence, la honte, la sidération, des expériences passées traumatiques… Autant de facteurs qui pèsent sur notre capacité à nous exprimer dans le cadre de ces relations déséquilibrées.


En connaissant mieux ces mécanismes, on peut mieux les re-connaître et apprendre à recréer l’espace nécessaire qui nous permet de nous positionner. On apprend à ralentir, à prendre le temps d’observer nos comportements et nos ressentis et à nous faire confiance. On peut progressivement développer des stratégies pour sortir plus vite du mode stress et mobiliser à nouveau notre capacité à réagir.


Et lorsque l’on gagne cette connaissance sur soi, on est aussi mieux à même de reconnaître les mécanismes de défense à l’action chez l’autre. Nous avons alors la possibilité de faire le choix de la compassion en aidant l’autre à se sentir plus en sécurité, écouté.


CALINOTHERAPIE : L’APPRENTISSAGE DE LA SECURITE ET DE LA CO-CONSTRUCTION DE L’INSTANT

Ce sont ces réflexions qui m’ont amenée à créer l’Oasis tactile.



La câlinothérapie avec le consentement apprend à équilibrer les relations humaines.
Dans le contact affecteux, on peut renforcer notre capacité à nous sentir en sécurité.

Photo by Giang Vu on Unsplash



Les séances individuelles de câlinothérapie et les soirées Tendresse et consentement se déroulent avec un cadre très solide et des règles de nature à apaiser une partie de nos inquiétudes naturelles. La détente, l’écoute, l’accueil, les partages créent aussi un cadre favorable pour apprendre à s’exprimer plus librement.


On enseigne progressivement au système nerveux à s’apaiser, en lui faisant ressentir plus de sécurité y compris dans la proximité physique avec une autre personne. Les participants ont toujours plusieurs choix devant eux pour pouvoir prendre de vraies décisions et éviter de se sentir acculés.


Puis, la chaleur et la bienveillance de bras et de mots affectueux et inoffensifs ont comme un effet guérisseur sur une partie de moi toujours en alerte. On réinforme le corps qu’il existe des lieux de sécurité et des lieux où nos demandes, nos besoins et nos limites sont entendus et respectés. Rien arrive qui ne soit demandé ou accepté par les participants.


Pour certains, c’est une expérience entièrement nouvelle.


Ensuite, on apprend à dire des mots qu’on n’a pas tous l’habitude de dire quand on se sent en insécurité. On apprend à dire stop, à s’ajuster si l’on est inconfortable, et même à oser demander ce que l’on veut sans avoir peur de déranger.


Ces compétences, renforcées par notre perception des dynamiques de pouvoir, nous aident à remettre le pouvoir au centre. Cela s’applique bien sûr dans le cadre de la loi et à partir du moment où les deux personnes sont d’accord pour interagir dans le respect des limites de l’autre. Chacun devient co-auteur de ce qui arrive.


Les séances individuelles et les formations au consentement sont des espaces avec peu d’enjeux sociaux pour expérimenter en douceur la sécurité, le temps et la bienveillance.

3 clés pour un apprentissage en profondeur d’une nouvelle liberté de vivre des relations saines et des touchers nourrissants et savourés.


 

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A bientôt !





 

[1] Deux autres cas sont abordés : - Pour l’inceste, l’âge est porté à 18 ans, réaffirmant le refus de ces relations. - Pour les « amours adolescentes », l’écart d’âge autorisé est de 5 ans (ex. 18 ans avec 13 ½ ans)

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