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L'EXCES DE GENTILLESSE : une autre ombre du consentement

Dernière mise à jour : 23 janv. 2023


Cet été, j’ai passé quelques jours avec une amie dans un éco-lieu tenu par 3 résidents qui accueillent les voyageurs de passage (souvent des amis ou amis d’amis). Tout le monde est vraiment chouette, gentil, serviable, accueillant, c’est très sympa.


Jusqu’au moment où c’est trop.




Retour sur la situation


Le premier soir, il n’y a qu’un résident. Il nous présente le lieu puis alors qu’on partageait que le lendemain on irait bien lire et siester au bord d’une rivière, il nous explique direct son plan baignade préféré : à l’entrée du village d’à côté, juste avant le panneau, il y a un parking, « tu pars sur la droite, tu marches un peu et tu y es ». Super, c'est vraiment sympa !


Le lendemain, au petit déjeuner, on rencontre une autre voyageuse qui est là depuis quelques mois. Quand elle apprend qu’on veut passer la journée près d’une rivière, elle nous explique direct son plan baignade préféré, celui qu’elle a découvert avec la propriétaire : à l’entrée du village d’à côté, juste avant le panneau, il y a un parking, « tu pars sur la droite, tu marches un peu et tu y es ». Super ! C’est le même que celui dont on nous a parlé hier. Ca doit vraiment être top !


A la fin du petit déjeuner, la copine du résident qui nous a accueillies arrive. Rapidement, quand on parle de rivière, elle se met en devoir de nous expliquer comment aller au spot rivière du village d’à côté. Elle n’y est pas encore allée, mais c’est la propriétaire qui lui a expliqué. A l’entrée du village d’à côté, juste avant le panneau, il y a un parking, « tu pars sur la droite parce que sur la gauche c’est un musée, très joli aussi d’ailleurs, tu marches un peu je crois et tu y es ». Euh, là, ça ne rentre plus dans ma tête, j’ai compris en gros, puis je verrai sur place, merci !


Pendant qu’elle nous explique le chemin vers la même rivière que les 2 précédentes personnes, son amoureux arrive. Il décide de nous réexpliquer comment y aller et sort un papier pour nous faire un schéma.


Avec autant de délicatesse que je peux, j’explique qu’on a déjà eu beaucoup d’infos dès le réveil et qu’on a surtout besoin d’aller voir sur place, parce que toutes les infos commencent à se mélanger dans ma tête. Et qu’au pire, on a un GPS. S’il vous plaît, stop, merci 😊


Ouf, ça passe, les explications s’arrêtent là. Chacun repart vers ses occupations.


Là-dessus, arrive un autre voyageur très sympa qui est là depuis quelques semaines. Sauf que quand on lui dit qu'on va passer la journée à la rivière, lui aussi se lance dans l’explication pour aller à la rivière.


Je n’y tiens plus.


« Excuse-moi, tu es la 5è personne à nous expliquer comment aller à la rivière en moins de 12h. En fait, j’ai juste besoin d’y aller, peut-être de me perdre un peu, mais au moins je saurai quelle information demander au retour. S’il te plaît, pas plus d’information. »


Petit blanc, mais avec un grand sourire, ouf, ça passe.




Que s'est-il passé ?


Si on regarde, à part le premier résident qui nous a demandé si on savait comment aller à la rivière, personne ne nous a demandé si on avait besoin d’info.


Et j’ai bien senti que mes tentatives d’expliquer que j’avais assez d’info étaient un peu mal prises.


Sauf que :

  • Pourquoi me donner des infos alors que je n’en ai pas demandé et que je n’en ai pas besoin ?

  • Pourquoi ne pas commencer par me demander si j’ai besoin d’information, tout simplement ?

  • Comment savoir si j’ai besoin d’info si on ne me demande pas ?


C’est quoi rendre service ?


Je me suis fait le parallèle avec un repas. Imaginons, je me sois servie du ragoût.


Une première personne passe et me dit : « Attends, il manque un peu de sel, je t’en rajoute un peu. ».

Une deuxième : « Il est bon, hein ? Je te rajoute juste un peu de sel, il sera meilleur. ».

Une troisième : « Tiens, je te mets un peu de sel, ça manque. ».

Une quatrième : « J'adore ce ragoût ! Tu vas voir, avec un peu de sel, ça devient carrément une merveille ! ».

Une cinquième : « Avec une pointe sel de l’Hymal… » STOP !

Mon plat est déjà trop salé !


  • Et si j’avais déjà remarqué que ça manquait de sel et que j’en avais déjà ajouté ?

  • Et si j’étais en régime sans sel et que j’avais choisi ce ragoût exprès ?

  • Et si j’aimais bien comme ça, moi ?


A chercher à me rendre service, sans me demander de quel service j’ai besoin, ce n’est plus un cadeau pour moi.

L’éclairage de la roue du consentement : Qui bénéficie de l’action ?


Dans le modèle de la roue du consentement, on s’appuie sur 2 questions clé :

Qui fait l’action ? Qui bénéficie de l’action ?

Celui qui fait l’action pour le bénéfice de l’autre, « sert » l’autre.


Tout en veillant à ses propres limites, celui qui fait l’action met ses envies de côté pour un moment et se met au service des besoins exprimés par l’autre.


Il fait donc le cadeau de son action, de son temps, de son attention à l’autre.


Petit détail : pour que le cadeau fasse plaisir, il faut s’assurer que c’est quelque chose qui plaît vraiment à l’autre.


Cela demande donc que je communique avec l’autre pour connaître ses besoins.

Sans demande, je ne peux agir que d’après l’idée que je me fais des besoins de l’autre : « Je sais ce qui est bon pour l’autre. ».

C’est ici que l’on tombe dans l’une des ombres du consentement.


Cette question « qui est le bénéficiaire ? » nous aide à éviter le piège.


Est-ce vraiment pour l’autre que je fais l’action ?


C’est bien l’autre qui reçoit l’action, mais est-ce lui qui reçoit le cadeau ?


Au fond, à qui est-ce que je fais plaisir ?


Dans mon exemple sur la rivière, pourquoi les personnes sont-elles gênées quand je leur dis que je n’ai pas besoin de plus d’informations ?

Si au départ, j’étais vraiment le bénéficiaire du cadeau « indications géographiques », alors, elles pourraient être contentes que j’ai déjà satisfait mon besoin.


Si ce n’est pas le cas, c’est que, même si les conseils me sont destinés, le cadeau lui-même est, certainement inconsciemment, pour quelqu'un d'autre... Peut-être à destination de celui qui me donne les conseils, par exemple :

- Il nourrit son besoin d’aider

- Il est heureux de remplir sa mission de « bon accueil des invités »


Et c’est top ! Ce sont de magnifiques besoins qui créent un environnement social très agréable.


Mais il y a un flou sur la dynamique et cela crée inutilement des tensions :

- Celui qui donne les infos est stressé de savoir s’il donne assez.

- Celle qui reçoit les infos est stressée de savoir que faire de ce trop-plein d’informations…


On peut mieux faire.

Ce n’est pas parce que c’est gentil, que c’est ce dont l’autre a besoin.

Gardons cela en tête pour éviter les incompréhensions.


Et osons demander à l’autre ce qui lui ferait plaisir.



 

Prendre conscience de ces dynamiques et évoluer demandent de l'entraînement.


Retrouvez la liste des ateliers proposés par Oasis Tactile sur la page Ateliers Consentement.





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