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EROS, PHILIA, AGAPE & CONSENTEMENT


image titre du podcast philosophy is sexy par Marie Robert
Super podcast : Philosophy is Sexy, par Marie Robert

Connaissez-vous le Podcast Philosophy is sexy de Marie Robert ?


Je viens de découvrir à l’occasion d’un long trajet en voiture.


J’aime la douceur du propos et l’invitation à penser.


L’amour est le sujet du 2ème épisode.


J’ai eu envie d’en parler car il résonne beaucoup avec ce que l’on vit et souhaite partager à l’Oasis tactile.


Philosophy is sexy : L’amour nous perd…


Marie Robert commence par rappeler à quel point l’amour a mauvaise presse en philosophie.


La philosophie se méfie du sentiment amoureux, ennemi de la sérénité et de la réflexion.


L’amour nous dépossède de nous-même (Lucrèce) et risque de nous placer en dehors de la morale (Kant). En effet, le raisonnement est l’origine de la loi morale, alors si l’amour nous empêche de raisonner, comment être moral ? (Kant).



L’amour pourrait n’être que cette perte de soi dans la chair de l’autre.


Ou l’amour nous élève : Amour(s) et consentement


Marie Robert nous rappelle que Platon, dans le Banquet, nous offre une autre perspective de l’amour.


L’Amour peut aussi être une voie d’accès à la philosophie et au monde de la pensée.


Représentation du Banquet de Platon
Je prendrais bien un petit verre de blanc face à l'acropole, ce soir !

EROS

L’amour, dans la mythologie, c’est Eros, être entre les hommes et les Dieux. Il représente le désir et son origine le pousse à désirer continuellement ce qu’il ne possède pas. Pourtant, ici, il ne s’agit pas de désirer la femme du voisin ou toujours plus de partenaires.


Eros cherche à renforcer la qualité du lien : quand on a savouré le corps et le plaisir des sens et que la lassitude pointe le bout de son nez, alors la solution n’est pas de renouveler les corps et les plaisirs, mais de chercher d’autres natures de plaisir. Eros entame alors une conversion vers les plaisirs de l’âme, plus intenses.


Eros peut nous guider vers plus de connaissance.


L’élan d’Eros nous soutient pour utiliser tout notre courage pour nous rapprocher de l’être aimé. Il est volonté de comprendre, de rejoindre, d’apprivoiser l’inconnu.

Eros est centré sur : Amour naturel centré sur le moi, motivé par le manque et le désir, l’envie d’avoir la personne aimée près de soi.


Le risque que l'on court : ne pas être capable d’accueillir et de reconnaître l’Eros. Confondre l’élan d’Eros avec la violence, la souffrance, l’abus, alors qu’il est un élan à la caresse, à la beauté de l’existence, à la pensée.




Le lien avec notre pratique du consentement :

Ici, j’aime 3 choses :

- Le courage que nous donne Eros. C’est vulnérable de rencontrer l’autre, d’accueillir notre désir, nous laisser toucher émotionnellement et physiquement. C’est courageux d’oser la rencontre véritable avec un autre, cela nécessite de se découvrir et d’oser se laisser surprendre. C’est pourquoi on observe souvent des contacts physiques sans rencontre, on peut se satisfaire avec l’autre, l’utiliser, ou même conclure un accord, mais sans que la rencontre humaine, intime, n’ait lieu.


- La curiosité de découvrir l’autre. Être curieux de l’autre, c’est reconnaître qu’il (elle) est un autre. L’autre n’est pas qu’un décor dans mon univers, c’est un être comme moi avec son propre univers, son histoire, ses désirs. Aimer c’est la curiosité de découvrir autre chose avec cet·te autre au-delà du remplissage du vide en moi, par n’importe quel autre.


- L’aspiration à la qualité du lien. La souffrance, la violence, l’abus résultent de la difficulté à voir l’autre. L’attention peut n’être centrée que sur le désir et son assouvissement, dans un cycle sans fin. Peut-on imaginer que l’insatiabilité égoïste exprime une soif de lien qui ne trouve à se satisfaire dans la « consommation de l’autre » mais qui ignore qu’autre chose, de plus intense et de plus nourrissant, est possible « avec l’autre » ?


Le courage, la curiosité, la qualité du lien sont autant de capacités que l’on entraîne et renforce par la pratique du consentement. Cela nous aide à :


Oser rencontrer nos « je veux », oser demander, oser confronter notre univers et celui de l’autre ;


Être curieux de ce qui plaît à l’autre, être curieux de ce qui me plaît à moi, quand je m’autorise à explorer mes envies au-delà des scénarios connus et des demandes convenues (supposées accessibles ou acceptables). Être curieux de ce que l’on peut créer avec l’autre avec les envies de maintenant ;


Faire l’expérience d’une qualité de lien nourrissant qui peut changer notre manière d’envisager les relations.


Par la pratique du consentement, de nouveaux espaces de relations parfois inconnus peuvent s’ouvrir : pouvoir se dire, être entendu, accueilli, respecté, écouté, sollicité, être en sécurité. En quelques minutes, on fait l’expérience de cette aspiration, de cette élévation avec l’autre à un autre stade de qualité relationnelle.


Une intimité de cœur dans la beauté du moment.




STORGÊ


Le storgê, c’est l’affection, l’amour filial, parfois représenté par l’amour des parents pour leurs enfants. C’est le care, l’amour qui sécurise, cette tendresse que l’on est capable de mobiliser pour ceux qui nous entourent.


Amour maternelle entre une éléphante et son petit
Viens là que je te fasse un câlin...

Le storgê est centré sur : le nous, l’échange.


Le risque que l'on court : quand je commence à attendre que l’autre me montre qu’il reçoit bien mon amour, alors je peux tomber dans l’asservissement à cette attente. Si je ne vois pas les traces de ce que je donne, alors je peux commencer à éprouver de la frustration.


Le lien avec notre pratique du consentement :

Je parle souvent des deux questions clés à la base de la roue du consentement :

- Qui fait l’action ?

- Pour qui est l’action ?


« Pour qui est l’action ? » me sert de boussole personnelle quand j’entreprends une action pour l’autre.


Cela m'est particulièrement utile quand je sens justement une frustration arriver…

un chat à l'air contrit
ooops, je crois que j'm'ai menti à moi-même...

- Je voulais faire quelque chose pour l’autre mais je suis frustrée parce que la personne n’en a pas envie…


- J’ai fait quelque chose pour l’autre mais je suis frustrée parce que j’ai l’impression que la personne s’en fout…



C’est le bon moment pour faire un retour à la question clé : est-ce que c’était vraiment pour l’autre ? Est-ce que, par hasard, ce n’était pas un désir personnel que j’essayais d’assouvir sous couvert de service à l’autre ?


Le quadrant « Servir » dans la roue du consentement est l’expression d’une véritable générosité et de soin, de storgê pour l’autre parce que c’est une manière de manifester l’amour.

La limite est de m’assurer que je donne bien quelque chose que l’autre désire ou a plaisir à accueillir sans le mettre en position de devoir feindre ou exagérer son plaisir pour me plaire à moi.


Philia

C’est l’amitié, le partage d’une vision, de valeurs, de goût. C’est la communauté d’esprits.


La philia est centrée sur : le nous et ce que l’on a goût à partager.


Le risque que l'on court : L’exclusion de certains qui ne partagent pas nos goûts.


Le lien avec notre pratique du consentement :

L’amitié c’est la capacité à être différent dans un groupe et à être toujours aimé. C’est laisser l’ami libre d’être qui il est, voire le soutenir à devenir ce qu’il est mais n’ose pas vivre encore.


S’entraîner à se dire non ou à affirmer des « je veux » personnels sans que cela ne blesse ou n’oblige l’autre est un apprentissage d’autonomie et d’amour amical puissamment soutenant et transformateur. Cela demande ne pas chercher à nuire et cela demande surtout de ne pas se raconter l’histoire que l’on doit tout à l’autre parce que l’on est ami.


(Les citations ci-dessous sont hors du podcast, mais je lisais récemment Paroles pour adolescents de F. et C. Dolto et j’ai beaucoup aimé ces deux phrases)

« Si on sent que l’on doit être infidèle à soi-même pour ne pas trahir un ami, c’est dramatique » Paroles pour adolescents, Dolto F., Dolto C., C. Percheminier 2003, Gallimard Giboulés, 1993-2003, p60

« En amitié comme en amour, aimer vraiment quelqu’un, c’est le laisser libre, lui laisser le droit d’être différent de nous. » Paroles pour adolescents, Dolto F., Dolto C., C. Percheminier 2003, Gallimard Giboulés, 1993-2003, p60

Agapè

C’est l’amour désintéressé, inconditionnel. C’est l’amour qui donne non pas en considérant la valeur de l’autre (« est-ce que l’autre mérite mon amour ? ») mais qui donne pour l’être humain. Par principe, au-delà de toutes conditions.


Cet amour n’attend rien, il est l’expression d’une humanité profonde, d’une humanité divine ?


L'agapè est centrée sur : l’amour inconditionnel


Le risque que l'on court : Tout simplement : est-on capable de cet amour inconditionnel ?


Le lien avec notre pratique du consentement :

J’avoue que c’est cet élan, cette aspiration qui me séduit dans la pratique du consentement.


A force de pratique, en atelier et dans ma vie, parfois, pour quelques instants, je cesse de :

- me sentir en insécurité avec l’Autre (c’est à dire tous les autres) juste parce qu’ils sont autres et me confrontent par leur présence à ma honte et mes peurs de… mal faire, de ne pas être assez…, ou trop…,


- penser que l’autre devrait être ou réagir comme ceci ou comme cela et désirer ceci ou cela,


- plonger dans la frustration et l’aigreur de la passivité insatisfaite qui attend que l’autre comprenne, résolve, prenne l’initiative de…


- séduire ou "gentiment" manipuler l’autre pour obtenir ce que je veux, malgré lui / elle, malgré ma peur de demander et mon refus de son refus...


Et dans ces moments, je sens en moi s’ouvrir un espace de douceur, d’amusement, de joie qui ne dépend plus de ce qu’il se passe ou pas, qui est juste là.


J’y vis un moment de sérénité, de confiance en la vie et y puise une énergie dingue.


L’énergie de créer l’Oasis tactile,


l’énergie de reprendre des études,


l’énergie de demander parfois ce que je veux,


l’énergie de me rappeler que l’autre ne dit pas non pour me faire du mal, qu’il n’est pas égoïste, qu’il n’est pas méchant même si je suis déçue,


l’énergie de me rappeler que son non est un cadeau pour transformer et approfondir notre relation et mieux éclairer les ombres en moi,


l’énergie, enfin, de mettre en pratique la vision du monde qui me séduit mais qui n’a d’intérêt ou de chance d'exister que si je la pratique.




Pratiquer le consentement pour mieux aimer

Les quatre types d’amour sont nécessaires.


Arrive-t-on à passer de l’un à l’autre dans une même relation ou au cours de la semaine pour nourrir différentes part de nous : la part sensuelle, la part familiale ou fraternelle, la part amicale, la part spirituelle et toutes leurs déclinaisons…


Vous comment aimez-vous ?


Quels amours sont présents dans votre vie ? Certains sont-ils absents ?


Cet épisode de Philosophy is sexy nous rappelle le modèle offert par Platon pour comprendre notre rapport à l’altérité. J’aime ces allers-retours entre la pensée, les ressentis et la prise de recul sur soi, sans jugements, sans auto-brutalité, juste avec curiosité et douceur pour répondre avec amour pour soi à cette question : de quoi ai-je besoin ? qu’est-ce que je veux ? comment me l'offrir ?


Vous êtes les bienvenus pour pratiquer lors des prochains ateliers.

















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